A défaut de sauter dans un avion pour un week end à Budapest, je vous propose de faire un tour au Musée du Luxembourg. Le palais des Beaux-Arts de la jolie capitale bohême étant fermé pour rénovation, 80 œuvres de choix ont été prêtées à Paris, de Raphaël à Manet en passant par Dürer et Gauguin. Il n’y a curieusement qu’une petite dizaine de peintures hongroises, mais elles mettent en avant les artistes clés de ce pays, et surprennent.
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L’exposition balaye les époques de la fin du Moyen-Âge à l’Expressionnisme du XXe siècle.
Nous devons l’existence du musée des Beaux Arts de Budapest aux princes Esterhazy, et notamment à Nicolas II, grand collectionneur, qui amassa près de 600 œuvres. Sa passion pour l’art hollandais explique la richesse de la période du XVIIe flamand exposée au musée du Luxembourg.
L’Etat hongrois rachète en 1870 l’intégralité des toiles et sculptures amassées par la famille Esterhazy, ouvre le Szépmuvészeti Múzeum de Budapest en 1906, et s’empresse d’en enrichir la collection avec des œuvres avant-gardistes. C’est ainsi qu’on peut admirer des peintures de Cézanne, Manet, Van Gogh, Gauguin, qui n’avaient jamais été exposées auprès du public français.
La Renaissance est également bien représentée avec Dürer, Raphaël, Luini, Greco, pour n’en citer que quelques uns.
Arrêtons nous enfin sur quelques œuvres hongroises, pour le moins surprenantes.
Ma préférée, la Femme à la cage, de József Rippl-Rónai. Peinte à Paris, elle illustre le symbolisme de la fin du XIXe siècle, et on y voit l’influence du Nabisme ; Maurice Denis explique qu’« un tableau – avant d’être un cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote – est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées ». La peinture devient plus simple, on ne s’attache plus aux perspectives, et les artistes prennent des libertés par rapport à la couleur, comme le vert hypnotisant de cette cage.
On ne peut rester insensible à l’étrange « Alouette » de Pál Szineyei Merse, précurseur de l’Impressionnisme hongrois, qui déstabilise notre perception française de l’esthétique.
Plus conventionnel (du moins selon nos codes français), je vous laisse admirer « La femme peintre » de Ferenczy, l’un des grands peintres impressionnistes hongrois.
Terminons sur une note « fantastico-mythologique », avec le Centaure à la forge du village, d’Arnold Böcklin, peintre symboliste suisse reconnu par les surréalistes Salvador Dali et Max Ernst comme étant l’un de leurs prédécesseurs et un « artiste génial et ironique ».
Musée du Luxembourg
19 rue de Vaugirard, 75006 Paris
Tel : 01 40 13 62 00
ouvert tous les jours de 10h à 19h, nocturne le jeudi jusqu’à 22h
12 euros, TR 7,5 euros (16-25 ans, chômeurs)
Gratuit pour les moins de 16 ans