Une visite théâtrale au musée Nissim de Camondo

Les vacances parisiennes sont enfin arrivées, il est temps de réfléchir à des activités culturelles à faire en famille… Que diriez-vous d’entrer dans la somptueuse demeure des Camondo, qui donne sur le Parc Monceau, et de suivre une visite théâtralisée du musée. Le maître d’hôtel de Moïse de Camondo vous entraîne avec bonhomie et verve dans le sillage des préparatifs d’une réception le 3 juin 1930.

Êtes-vous prêts à remonter le temps ?

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Qui étaient les Camondo ? Une famille qui s’apparente à celle des Rothschild, emblème et porte parole de la communauté juive de Paris au début du siècle dernier. Son histoire reflète le double visage de l’humanité ; la puissance de la philosophie des Lumières qui anima le patriarche de cette dynastie naissante, et l’horreur de l’holocauste qui emporta dans les flammes ses derniers descendants.

Chassés d’Espagne par l’Inquisition, les Camondo trouvent refuge à Venise, puis à Constantinople, où ils vont aider à réformer le système bancaire turc et bâtir une fortune considérable. Philanthropes, ils s’attachent à démocratiser l’éducation dans leur pays d’accueil.

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Ayant aidé financièrement Victor Emmanuel II à unifier l’Italie, Abraham-Salomon Camondo reçoit le titre de Comte en 1867.

Ses petits-fils s’installent à Paris l’année suivante tout en continuant de participer au développement économique de la Turquie.

Leurs descendants, Isaac et Moïse, sont en revanche bien plus passionnés par les arts que par les chiffres.

Isaac devient un pianiste compositeur connu de son époque, et collectionne les œuvres impressionnistes, qu’il donnera en totalité à l’Etat Français. «Puis-je faire mieux acte de Français qu’en donnant toutes mes collections à la France ? Mes intentions sont connues de tous les intéressés. Que dis-je mes intentions ? Les actes sont formels, qui assurent ainsi les destinées des œuvres d’art qui parent ma demeure. Tout est pour la France là-dedans, tout !» .

Il participera, avec le concours d’autres avant gardistes comme le marchand d’art Paul Durand-Ruel, à la reconnaissance de l’Impressionnisme par le monde de l’art et le public.

Son cousin Moïse se passionne pour l’art du XVIIIe siècle et amasse une impressionnante collection. Il fait construire l’hôtel particulier en bordure du Parc Monceau de manière à ce qu’il serve d’écrin à ses œuvres. Il n’est pas anodin qu’il ait cultivé le goût pour l’art du siècle des Lumières ; le passage de l’obscurantisme à une pensée libre, éclairée, mais aussi la recherche du bonheur, du plaisir, des émotions, de la sensualité.

Le décès de son fils Nissim, pilote dans l’armée française, en 1917, pousse Moïse à léguer son hôtel et sa collection. Le musée Nissim de Camondo ouvrira en 1936, un an après sa mort.

S’il vous reste un peu de temps, je vous invite à entrer dans le Parc Monceau. Ce jardin public cache des édifices étranges, qui semblent venir d’un autre temps : une pyramide, un petit pont de style asiatique avec sa rivière, une grotte et sa cascade qui semblent tout droit sortis d’un conte, les ruines d’une arcade Renaissance au bord d’un étang…

 

Nous devons cet ensemble hétéroclite au Duc de Chartres qui fit, dans les années 1770, aménager un parc de 20 hectares de style « anglo-chinois » pour rivaliser avec les jardins de Bagatelle. Il voulut en faire un « pays d’illusions » et c’est ainsi que se côtoyèrent pagode, pyramide, ruines féodales… Il ne reste que 8 hectares de ce parcours enchanteur, ainsi que les majestueux hôtels particuliers construits sous Napoléon III (années 1860) pour les grandes familles bourgeoises de l’époque.

 

Musée Nissim de Camondo

63 rue de Monceau, 75008 Paris

Ouvert du mercredi au dimanche de 10h à 17h30

fermé le lundi et le mardi, ainsi que le 25 décembre, 1er janvier, 1er mai.

Tarif : 9€, TR 6,50€, gratuit pour les -26 ans

Billets groupés Musée Nissim de Camondo – Musée des Arts Décoratifs : 13€, TR 10€

 

les visites théâtralisées du musée ont lieu le jeudi de 14H30 à 16h, ou le dimanche de 11h à 12h30. 12€ par personne

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Culture